Enfin non pas moi hein, j’en ai 22 et j’en sors ! Quoique même pas j’y ai jamais été en fac.

Non c’est le titre d’un reportage qui était diffusé hier soir sur France 3. On suivait 3 jeunes étudiantes qui parlaient de leur impression sur la fac durant leur première année. Pour commencer j’avais pas mal d’apriori quand j’ai vu que le journaliste s’était cantonné à des parisiennes de la Sorbonne et à la filière « médiation culturelle ».

Le reportage pointe plusieurs vérités sur l’orientation qu’on a tous remarquées je pense :
D’une le manque de préparation aux études post-bac dans les filières générales. Nan c’est vrai, vous suivez une filière S, ES ou L mais sans savoir réellement à quoi sa correspond dans les études supérieures, sur quoi ça débouche enfin plus exactement ceux à quoi ça autorise.
Ce qui m’a le plus fait sourire c’est le passage au CIO (Centre d’inInformation et de désOrientation). La « désorientée » (très sympatique) se pointe avec sa mère avec une idée en tête puis la première phrase de la « désorientatrice » c’est « C’est une filière qui est très bouchée, qui demande 5 ans d’études… » blablabla ! Et hop le plan suivant on la voit avec sa rem sur une table à consulter des fiches dans un classeur !!! P’tain mais tous les CIO sont pareil ! On te sermonne sur le fait que ton choix d’orientation te correspond pas, que le secteur est bouché puis on t’invite à trouver de la doc ! Pfff ! Et la passion là dedans elle est où ? En gros t’as suivi sans trop savoir un chemin qui -à les écouter- t’as déjà grillé pour les métiers que tu aimes !

Un autre truc intéressant, c’est le discours des profs : « Les étudiants d’aujourd’hui sont des consommateurs » ! En gros l’étudiant ne cherche plus que l’essentiel, il veut du « tout cuit » qu’il puisse mettre à profit. Se former pour être opérationnel, avoir le sentiment de venir en cours pour en sortir avec des connaissances exploitables, avoir réalisé une plus-value.
Beh les gars faut ouvrir les yeux ! À qui la faute ?! On nous refile de la précarité sur des contrats de travail kleenex, on entre dans l’ère de la flexibilité où on sait éperdument qu’on sera une génération où on sera en formation continuelle. Après on s’étonne qu’on devienne de plus en plus hermétique à certaines matières exotiques par rapport à la formation suivie.
Pire avec un monde de l’emploi aussi défiguré, je trouve limite criminel de laisser des filières qui développent le sens critique ! Proposer du social quand on voit l’éthique du monde capitaliste qui nous entoure, c’est assassin !

Enfin, le doc mais aussi le doigt sur l’influence des parents dans le choix d’orientation. Une des étudiantes reconnaît qu’inconsciemment elle a intériorisé un idéal de métier dans la lignée de ses parents. Pour être plus clair, des parents exerçant des professions intellectuelles influencent indirectement l’orientation des rejetons vers des professions de CSP+. M’enfin ça s’est pas une découverte, Bourdieu a déjà disserté sur la question. Le résultat c’est que quand on doit annoncer à ses parents que finalement on veut être boulanger après 3 ans de fac de droit, c’est -dans certaine famille- aussi chaud qu’un coming-out. Des fois avec les mêmes effets sur le moral quand vous avez le sentiment de faire un job dévalorisé aux yeux de vos proches.

Bref, c’est pas nouveau ça tourne pas rond dans l’éducation et ce doc était vraiment sympa.